Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/352

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LE PENEE.

Le dieu est entouré d’eaux et de nymphes.

LE PÉNÉE.

Éveille-toi, murmure des algues ; respire doucement, famille des roseaux ; gémissez, légers branchages du saule ; rameaux du tremble, parlez tout bas à mes rêves interrompus. Une affreuse tempête, un tremblement mystérieux, universel, m’éveille au sein de ma course ondoyante et paisible.

Faust, s’approchant du fleuve.

Si j’entends bien, il me faut croire que, derrière les berceaux entrelacés de ces branches, de ces buissons, résonnent des accents pareils à la voix humaine ; l’onde semble comme un babil et la brise comme un rire folâtre. Nymphes, à Faust.

Le mieux pour toi serait de descendre, et de restaurer dans la fraîcheur tes membres fatigués, de goûter le repos qui te fuit sans cesse ; nous murmurons, nous ruisselons, nous gazouillons pour toi.

FAUST.

Oui, je veille ! Oh ! laissez-les se déployer ces formes incomparables, telles que mon œil les observe là-bas. Quel ravissement me pénètre ? Est-ce un rêve ? Sont-ce des souvenirs ? Une fois déjà tu goûtas ce bonheur. Les eaux*se glissent à travers la fraîcheur des buissons épais, doucement agités ; elles ne murmurent point, elles coulent à peine ; de tous cùlés mille sources se rassemblent en bassins purs et brillants, aplanis, creusés pour le bain. Florissantes et jeunes figures de femmes, offertes à l’œil enchanté, doublées par le miroir liquide !… Elles se baignent ensemble gaiement, nageant avec hardiesse, marchant avec