Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/353

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crainte ; et les cris enfin et la lutte dans les flots !… Ces belles devraient me suffire, mon œil ici devrait jouir ; cependant mon désir va toujours plus avant ; mon regard pénètre vivement jusqu’à cette retraite…. Le riche feuillage de la verdure épaisse cache la noble reine.

O merveille ! des cygnes aussi viennent à la nage de leurs retraites, avec des mouvements purs et majestueux ; ils voguent doucement, tendres et familiers : mais comme fièrement et avec complaisance la tète et le bec se meuvent…. Un d’eux surtout semble se rengorger avec audace, et fait voile rapidement à travers tous les autres ; ses plumes se gonflent ; poussant les vagues sur les vagues, il s’avance vers l’asile sacré….

Les autres nagent ça et là, avec leur plumage à l’éclat paisible, et bientôt ils engagent un ardent-et magnifique combat, pour écarter les timides jeunes filles, en sorte qu’elles ne songent plus à leur service, mais à leur propre sûreté.

NYMPHES.

Mes sœurs, posez l’oreille sur le vert gazon de la rive : si j’entends bien, il me semble reconnaître le pas d’un cheval. Je voudrais bien savoir qui apporte à cette nuit une rapide nouvelle.

FAUST.

Je crois entendre gronder la terre, qui retentit sous un coursier rapide.

Là-bas mon regard !… Un sort favorable déjà vient-il au-devant de mes vœux ? O merveille sans égale !…

Un cavalier s’avance au trot…. Il semble doué d’esprit et de courage…. Porté par un cheval d’une blancheur éblouissante…. Je ne me trompe pas ; déjà je le reconnais…. L’illustre fils de Philyre !… Arrête, Chiron ! arrête ! j’ai à te dire….

Chiron.

Qu’y a-t-il ? Que veux-tu ?

FAUST.

Modère ta marche.

CHIRON.

Je n’arrête pas.

FAUST.

Alors, je t’en prie, prends-moi.

CHiRON.

Monte