Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/354

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sur mon dos, et je pourrai te questionner à mon gré. Où vas-tu ? Tu es là sur la rive : je suis prêt à te porter sur l’autre bord.

Faust, prenant place.

Où tu voudras. A toi ma reconnaissance éternelle ! Le grand homme, le noble gouverneur, qui, pour sa gloire, éleva un peuple de héros, la belle troupe des nobles Argonautes, et tous ceux qui fondèrent le monde du poète !

CHIRON.

Laissons cela en son lieu. Pallas elle-même, sous les traits de Mentor, n’en a pas la gloire. Ils finissent par agir à leur manière, comme si on ne les avait pas élevés.

FAUST.

Le médecin, qui nomme chaque plante, qui connaît les racines jusque dans leurs derniers mystères, qui procure au malade la guérison, au blessé le soulagement, je l’embrasse ici en esprit et en corps.

Chiron.

Lorsqu’un héros était blessé à côté de moi, je savais lui porter secours et conseil ; cependant j’ai fini par laisser mon art aux vendeuses de racines et aux prêtres.

Faust.

Tu es le véritable grand homme, qui ne peut ouïr une parole de louange. 11 cherche modestement à s’y dérober, et se conduit comme s’il avait des pareils.

CHIRON.

Tu me parais habile à feindre, à flatter le prince comme le peuple.

FAUST.

Tu me l’avoueras cependant, tu as vu les plus grands personnages de ton temps ; tu as rivalisé dans tes exploits avec le plus illustre ; tu as passé tes jours avec la dignité d’un demidieu. Mais, parmi les personnages héroïques, lequel as-tu considéré comme le plus vaillant ?

CHIRON.

Dans la noble phalange des Argonautes, chacun était brave à sa manière, et, selon la force qui l’animait, il pouvait sufiire