Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/37

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ACTE TROISIÈME.

SCÈNE I.

IPHIGÉNIE, ORESTE.

IPHIGÉNIE.

Infortuné, je détache tes liens, en signe d’un sort plus douloureux. La liberté que donne le sanctuaire, comme le suprême et lumineux éclair de vie du malade qui succombe, est un messager de mort. Je ne puis et je n’ose encore me dire que vous êtes perdus. Comment pourrais-je, d’une main meurtrière, vous consacrer à la mort ? Et personne, quel qu’il soit, n’osera to’ucher votre tête, aussi longtemps que je serai prêtresse de Diane. Mais, si je refuse de remplir cet office, comme l’exige le roi irrité, il choisira, pour me succéder, une de mes vierges, et je ne pourrai plus alors vous assister que de mes vœux ardents. 0 digne concitoyen, le moindre serviteur qui effleura le foyer de nos dieux paternels est lui-même pour nous le très-bienvenu sur la terre étrangère : comment puis-je vous recevoir avec assez de joie et de bénédiction, vous qui m’offrez l’image des héros que j’appris à honorer par le souvenir de mes ancêtres, et qui. ranimez doucement mon cœur par une nouvelle et charmante espérance !

ORESTE.

Caches-tu ton nom, ton origine, avec une sage résolution, ou puis-je savoir quelle femme se montre à mes yeux, semblable à une divinité ?

IPHIGÉNIE.

Tu me connaîtras. Maintenant dis-moi ce que je’n’ai appris qu’à demi de ton frère, dis-moi la fin de ceux qui, revenant de