Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/393

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faire la coquette auprès du vieux Tirésias.

QUATRIÈME CHORÉTIDE.

La nourrice d’Orion était ton arrière-petite-fille.

Phorcis. 

Les Harpyes, j’imagine, t’ont nourrie dans l’ordure.

CINQUIÈME CHORÉTIDE.

Avec quoi nourris-tu cette maigreur si soignée ?

Phorcis. 

Ce n’est pas avec le sang, dont tu es par trop friande.

SIXIÈME CHORÉTIDE.

Toi, tu es friande de cadavres, affreux cadavre toi-même.

• PHORCIS.

Des dents de vampire brillent dans ta gueule insolente.

LA CORYPHÉE.

Je fermerai la tienne, si je dis qui tu es.

Phorcis. 

Commence par te nommer, l’énigme sera résolue.

HÉLÈNE.

Ce n’est pas avec colère, c’est avec douleur que je m’interpose entre vous, en vous défendant la violence d’un pareil débat ; car il n’est rien de plus nuisible au maître que la discorde secrète, acharnée, de ses fidèles serviteurs. L’écho de ses ordres ne lui* revient plus alors avec harmonie, dans l’acte promptement accompli. Non, un tumulte rebelle éclate autour de lui, égaré luimême, et qui menace en vain. Ce n’est pas tout : dans -votre indécente colère, vous avez évoqué les formes épouvantables de funestes visions, qui se pressent autour de moi, en sorte que je me sens entraînée chez Orcus, même en présence des campagnes paternelles. Est-ce un souvenir ? Était-ce une illusion qui m’a saisie ? Étais-je tout cela ? Le suis-je ? Le serai-je à l’avenir, le rêve et l’épouvantai ! de ces destructeurs de villes ? Ces jeunes filles frémissent ; mais toi, la plus âgée, tu restes tranquille : fais-moi entendre des paroles intelligibles.

Phorcis.

A celui qui se rappelle les diverses félicités de longues années, la plus grande faveur des dieux finit par sembler un songe. Mais toi, hautement favorisée, sans mesure et sans fin, tu n’as vu, dans le