Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/400

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de vos yeux ! C’est autre chose que ces murailles massives, élevées sans art par vos pères, à la manière des Cyclopes, entassant les pierres brutes les unes sur les autres : là, au contraire., là tout est d’aplomb, de niveau et régulier. Voyez-le du dehors ! Il aspire vers le ciel ; il se dresse, bien construit, clair et poli comme l’acier. De grimper là-haut…. la pensée même y succombe. Et, au dedans, des cours spacieuses, environnées de constructions de tout genre et pour tout usage. Là vous voyez, dedans et dehors, des colonnes, des colonnettes, des arcs, des arceaux, des balcons, des galeries, et des blasons….

LE CHOEUR.

Qu’est cela ? des blasons ?…

PHORCIS.

Ajax avait, on le sait, des serpents entrelacés sur son bouclier, comme vous l’avez vu vous-mêmes ; les eept chefs devant Thèbes portaient chacun, sur leur bouclier, des peintures symboliques ; là on voyait la lune et les étoiles dans le ciel nocturne, une déesse, un héros, des échelles, des glaives, des flambeaux et tout l’appareil terrible qui menace les bonnes villes : notre armée de héros porte aussi des insignes pareils, de couleurs éclatantes, héritage de leurs aïeux antiques. Là vous voyez lions, aigles, becs et griffes aussi, puis cornes de buffles, ailes, rosés, queues de paon,’puis des Bandes or et noir et argent, bleu et rouge. Ces images sont suspendues dans les salles à la flle, dans des salles immenses, aussi vastes que le monde. Là vous pourrez danser.

LE CHOEUR.

Parle, y a-t-il aussi des danseurs ?

Phorcis.. 

Excellents ! une troupe d’adolescents, fraîche, aux boucles dorées, qui respire la jeunesse. Le seul Paris exhalait ce parfum, quand il s’approcha trop près de la reine.

HÉLÈNE.

Tu sors tout à fait de ton rôle : dis-moi le dernier mot.

PHORCIS.

A toi de le dire. Prononce sérieusement un oui intelligible : aussitôt je t’environne de cette forteresse.