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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/421

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rien, rien pour toi ? Le doux lien est-il un

songe ?

EUPHORION.

Entendez-vous sur la mer le tonnerre ? L’enlendez-vous retentir de vallons en vallons ? Dans la poussière et sur les flots, armée contre armée, dans la foule qui se presse, pour la douleur et le martyre…. Et la loi, c’est la mort !… Je .comprends cette fois.

HÉLÈNE, FAUST et LE CHOEUR.

Quelle épouvante ! quelle horreur ! La mort est-elle donc ta loi ?

EUPHORION.

Devrais-je regarder de loin ? Non, je partagerai les alarmes et le péril.

LES PRÉCÉDENTS.

Orgueil et danger ! Mortelle destinée !

Euphobion. 

Mais quoi ! deux ailes se déploient ! La-bas ! Il le faut ! Il le faut ! Laissez-moi prendre mon vol ! (Il s’élance dans les airs, ses vêtements le portent un instant, sa tête rayonne, un sillon de lumière brille sur sa trace.)

Le Chœur.

Icare ! Icare ! Assez de douleurs. ( Un beau jeune homme tombe aux pieds des parents. On croit distinguer dans le mort une figure connue1 ; mais l’élément corporel s’évanouit soudain ; l’auréole monte au ciel, sous la forme d’une comète ; il ne reste sur la terre que les vêtements, le manteau et la lyre.) •

HÉLÈNE et FAUST.

La joie est suivie soudain d’une peine cruelle.

Euphorion, des profondeurs delà terre. Mère, dans le royaume sombre ne me laisse pas seul ! (Une pause.)

Le Chœur. Chant funèbre.

Non pas seul, quelle que soit ta demeure, car nous croyons te connaître ! Ali ! quand tu fuis le jour, il n’est pas un cœur qui se sépare de toi. Cependant nous saurions à peine te plaindre ; ton sort, que nous célébrons, nous fait envie. Dans les jours sereins et les jours sombres, tes chants et ton courage furent beaux et grands. .

1. Celle de lord Byron, car on devine par l’ouvrage, et l’on sait de Goethe lui-même, que c’est le poète anglais, qu’il a mis en scène sous le nom d’Euphorion.