Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/423

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pent Faust, l’enlèvent dans le ciel et passent avec lui. Phorcis ramasse le vêtement, le manteau et la lyre d’Euphorion, s’avance vers le proscenium, et, tenant en l’air ces dépouilles, elle poursuit ; ) C’est encore une heureuse trouvaille ! La flamme est, il’est vrai, dispifrue ; mais je n’en ai pas de regrets pour le monde : il en reste assez ici pour consacrer les poètes, pour fonder la jalousie de corps et de métier. Et, si je ne puis conférer le talent, du moins je prêterai l’habit. (Elle s’assied dans le proscenium au pied d’une colonne.)

PANTHALIS.

Allons, vite, jeunes filles ! Nous sommes enfin délivrées des enchantements, de l’affreuse angoisse où nous tenait la vieille gueuse thessalienne, comme de l’étourdissant cliquetis des sons discordants, qui troublent l’oreille et plus encore le sens intérieur. Descendons chez Hadès. La reine y est descendue d’une marche solennelle. Que, sans tarder, les pas de ses fidèles servantes suivent sa trace. Nous la trouverons auprès du trône des dieux impénétrables.

LE CHOEUR.

Les reines, il faut le dire, sont partout à leur gré. Même chez Hadès, elles tiennent le haut rang, fièrement groupées avec leurs pareilles, intimement unies avec Proserpine ; mais nous, dans le fond des vastes prairies semées d’asphodèles, parmi les longs peupliers et les saules stériles, quels passe-temps avons-nous ? Gémir comme des chauves-souris : chuchotement lugubre, fantastique !

LA CORYPHÉE.

Qui ne s’est pas fait un nom et qui n’aspire à rien de noble, appartient aux éléments. Adieu donc ! adieu ! Moi, je désire ardemment d’être auprès de ma reine : non moins que le mérite, la fidélité sauve la personne. (Elle disparaît.)

TOUT LB CHOEUR.

Nous sommes rendues à la lumière du jour. Nous ne sommes plus, il est vrai, des personnes ; nous le sentons, nous le savons, mais nous n’irons jamais chez Hadès. La nature vivante, éternelle, réclame son droit sur nous autres esprits, «t nous sur elle.

UNE PARTIE DU CHOEUR.

Nous, parmi les soupirs tremblants et les vagues murmures de ces