Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/425

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et surtout le soleil, avec les brises, les rosées, la chaleur et la flamme, ont amassé le trésor des raisins : aux lieux où le vigneron travaillait en silence, tout à coup s’éveille la vie ; chaque berceau devient bruyant ; de cep en cep, on frôle le feuillage ; les corbeilles crient, les seaux cliquettent, les hottes gémissent ; tout se porte à la grande cuve, pour la forte danse des vignerons. Alors la sainte abondance des raisins purs et savoureux est hardiment foulée ; écumant, jaillissant, tout se mêle, affreusement écrasé. Puis les cymbales et les coupes font retentir leurs voix d’airain ; car Bacchus est sorti sans voile des mystères ; il s’avance avec les chèvre-pieds ; il chancelle, appuyé sur leurs femelles ; et, d’une voix déchaînée, crie, dans les rangs, crie l’animal aux longues oreilles, le coursier de Silène. Point de gêne ! Les pieds fourchus foulent toute bienséance ; tous les sens tourbillonnent dans l’ivresse ; l’oreille est affreusement assourdie ; les ivrognes cherchent leur coupe en tâtonnant ; les têtes, les panses sont pleines. Quelques-uns hésitent encore, mais ils augmentent le tumulte ; car, pour faire place au vin nouveau, on Aide promptement les vieilles outres. (Le rideau tombe. Sur le proscenium, Phorcis se lève et, prend des proportions colossales. Elle quitte le cothurne, jette son masque et son voile, et se montre sous la figure de Méphistophélès, afin de commenter la pièce dans l’épilogue, autant que cela serait nécessaire.")

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