Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/46

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chent en paix, jeunes et vieux, hommes et femmes ; ces figures, qui passent, sont pareilles aux dieux et semblables entre elles. Oui, ce sont les ancêtres de ma famille. Atrée marche avec Thyeste, au milieu d’entretiens familiers ; les enfants se glissent en jouant autour de lui. N’est-il donc plus ici de haine entre vous ? La vengeance s’est-elle éteinte comme la lumière du soleil ? Je suis donc aussi le bienvenu, et j’ose me mêler à votre cortège solennel ?…

Soyez les bienvenus, ô mes ancêtres, Oreste vous salue, Oreste, le dernier homme de votre race ! Ce que vous avez semé, il l’a moissonné : chargé de malédictions, il est descendu chez les morts. Mais ici tout fardeau se porte plus légèrement. Recevez-le, oh ! recevez-le dans votre cercle…. Toi, Atrée, je t’honore, et toi aussi, Thyeste. Ici nous sommes tous délivrés delà haine…. Montrez-moi mon père, que je vis une seule fois dans la vie…. Est-ce toi, mon père ?… Et tu mènes familièrement ma mère avec toi ? Si Clytemnestre ose te donner la main, Oreste, à son tour, osera s’approcher d’elle ; il osera lui dire : «Vois ton fils !… Voyez votre fils ! Dites-lui qu’il est bienvenu ! » Sur la terre, le salut était, dans notre maison, l’inévitable signal du meurtre, et la race de Tantale a ses plaisirs dans le séjour ténébreux. Vous ’ vous écriez : « Bienvenu ! » et vous m’accueillez parmi vous ! Oh ! conduisez-moi vers mon aïeul, le chef de la race ! Où est mon aïeul ? Que je voie la tète chérie, vénérée, qui prit place au conseil des dieux ! Vous semblez balancer et détourner le visage ? Parlez, souffre-t-il, l’homme égal aux dieux ? Malheur à moi ! Les dieux tout-puissants ont rivé, avec des chaînes d’airain, de cruelles tortures à la poitrine du héros.

SCÈNE III.

ORESTE, IPHIGÉNIE, PYLADE.

ORESTE.

Êtes-vous aussi déjà descendus chez les morts ? Heureuse, ma sœur ! Electre encore nous manque. Qu’un dieu propice la frappe de ses douces flèches et nous l’envoie promptement ! Toi, malheureux ami, je dois te plaindre. Viens avec moi, viens