Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/479

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De saints anachorètes sont dispersés sur la montagne, établis dans les creux de rochers.

CHOEUR et ÉCHO.

La forêt se balance, les rochers pèsent alentour, les racines se cramponnent, tige contre tige s’élève ; flots sur flots jaillissent ; la grotte profonde nous abrite ; les lions rampent, muets et caressants, autour de nous : ils respectent le lieu consacré, le saint asile de l’amour.

Pater Ecstaticus, flottant de haut en bas.

Ardeur éternelle de joie, lien brûlant d’amour, douleur cuisante de l’aine, bouillant désir de Dieu ; flèches, transpercezmoi ; lances, égorgez-moi ; massues, écrasez-moi ; éclairs, foudroyez - moi : afin que s’évanouisse tout l’élément périssable, et que brille l’étoile permanente, substance de l’amour éternel.

Pater Profondus. Région inférieure.

Comme à mes pieds les roches escarpées pèsent sur un profond abîme ; comme mille ruisseaux coulent rayonnants vers la chute affreuse des flots écumeux ; comme, par sa propre vigueur, l’arbre s’élève et se dresse dans les airs : tel est l’amour tout puissant qui forme, qui conserve tout. Autour de moi, c’est un mugissement sauvage, comme si forêts et montagnes flottaient, et cependant se précipite au fond de l’abîme, avec un aimable murmure, la cascade, appelée à baigner aussitôt le vallon ; la foudre en flammes descendra, pour purifier l’atmosphère, qui portait dans son sein des vapeurs empoisonnées…. Ce sont des