Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/76

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de ce temps ; apprécions les biens qui lui sont restés, dans la. précieuse richesse d’enfants, ses proches parents.

LA JEUNE FILLE.

Appelles-tu riche celui qui nourrit des enfants étrangers î

ÉVADNÉ.

S’ils prospèrent, c’est encore un sujet de joie. Oui certes, elle obtient une belle compensation dans le iils de Lycus. Ici, sur ce rivage solitaire, il grandit promptement à ses côtés, et il lui appartient maintenant par l’amour et l’éducation. Elle cède désormais, de bon cœur, à ce proche parent la portion du royaume paternel qui revenait à son fils ; elle lui cédera même un jour ce qu’elle a hérité en terres et en trésors de ses propres parents. Elle le met en possession de toutes ces richesses, et cherche doucement à se consoler en faisant du bien. Il vaut mieux pour le peuple n’avoir qu’un seul maître, lui ai-je entendu dire, et maintes paroles encore, par lesquelles elle voudrait présenter sous un jour favorable le malheur qui l’a frappée.

LA JEUNE FILLE.

Il me semble l’avoir vue aujourd’hui contente et l’œil serein.

ÉVADNÉ.

Il m’a semblé aussi. Oh ! puissent les immortels maintenir son cœur dans la joie, car les heureux sont plus faciles à servir !

LA JEUNE FILLE.

Lorsqu’ils sont généreux et que l’orgueil ne les a pas endurcis.

ÉVADNÉ.

Tels que l’équité nous fait juger notre maîtresse.

LA JEUNE FILLE.

Je l’ai vue joyeuse et l’enfant plus joyeux encore ; les rayons dorés du matin brillaient sur leur visage. Alors un sentiment d’allégresse a traversé mon cœur, pour éclaircir la nuit des temps passés.

ÉVADNÉ.

Ne nous amusons pas à discourir comme des femmes, quand il y a beaucoup à faire. La joie ne doit pas nuire au service, qui est plus réclamé aujourd’hui qu’en d’autres temps. Montrez votre