Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

allégresse par le zèle avec lequel chacune s’empresse de faire son ouvrage.

LA JEUNE FILLE.

Commande et nous ne tarderons pas.

ÉVADNÉ.

Il est épanoui le cœur de notre princesse : je m’en suis aperçue. Elle veut que ses trésors, qui dormaient, réservés en secret pour la génération nouvelle, se montrent maintenant et brillent, consacrés à ce jour ; elle veut que cette fête s’appuie dignement sur la propreté et la belle ordonnance, comme sur deux compagnes. Ce qui m’est confié, je l’ai étalé : maintenant veillez vous-mêmes à l’ornement des salles ; déployez les tapis brodés et couvrez-en le sol, les sièges, les tables ; distribuez avec discernement ce qui est précieux et ce qui ne l’est pas ; préparez assez de place pour de nombreux convives, et placez en leur lieu, pour le plaisir de l’œil, les vases travaillés avec art. Que les vins et la nourriture ne manquent pas non plus ; ainsi le veut la princesse, et j’ai veillé à la chose : ce qui est offert aux étrangers, il faut que la grâce et la prévenance l’accompagnent. Les hommes, je le vois, ont aussi leurs ordres ; car les chevaux, les armes et les chars sont mis en mouvement pour solenniser cette ftte.

LA JEUNE FILLE.

Nous allons.

ÉVADNÉ.

Bien ! Je vous suivrai à l’instant : la vue de mon prince m’arrête seule encore. Il s’approche rayonnant, pareil à l’étoile du matin. Laissez-moi d’abord le bénir, lui qui semble un nouvel astre de bonheur, levé sur tout un peuple.

SCÈNE IL

ELPKNOR, ÉVADNÉ.

ELPÉNOR.

Es-tu là, bonne et fidèle amie, qui prends toujours parte ma joie ? Vois ce que m’apporte l’aurore de ce jour ! Celle que j’aime tant à nommer ma mère veut me congédier aujourd’hui