Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/97

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tiens pas, et je vais à leur rencontre. Entends-tu les pas des chevaux ? Entends-tu ce cri ?

PolymÉtis.

Pas encore, mon prince ; je les ai laissés bien loin en.arrière.

ELPÉNOR.

Dis-moi, est-il beau le cheval qui doit me porter aujourd’hui ?

PolymÉtis. C’est un cheval blanc, vif, sage et brillant comme la lumière.

ELPÉNOR.

Un cheval blanc, me dis-tu ? Dois-je te croire ? Dois-je te l’avouer ? J’aimerais mieux un noir.

POLYMÉTIS.

Tu pourras les avoir comme tu les demanderas.

ElpÉnor. 

Un cheval de couleur foncée attaque le sol avec beaucoup plus de feu. Car, si l’on veut que je l’aime, il faut qu’on ne puisse que par contrainte le tenir derrière les autres ; qu’il ne souffre nul cavalier devant lui ; qu’il bondisse, qu’il se cabre devant les drapeaux flottants ; qu’il ne s’effraye pas des lances baissées, et qu’il réponde à la trompette par de prompts hennissements.

POLYMÉTIS.

Je vois bien, mon prince, que j’avais raison et te connaissais bien. Ton père était indécis sur ce qu’il devait t’envoyer. « 0 maître, lui ai-je dit, ne sois pas inquiet ; voilà bien assez d’habits de fête et de parures : il suffit de lui envoyer beaucoup d’armes et d’antiques épées. S’il ne peut les manier aujourd’hui, l’espérance lui élèvera le cœur, et sa force future tressaillera par avance dans sa jeune main. »

ELPÉNOR.

Oh ! quel bonheur ! 0 jour longtemps attendu ! jour d’allégresse ! Et toi, mon vieil ami, combien je te remercie ! Comment dois-je te récompenser de t’être occupé de moi selon mes désirs ?

POLYMÉTIS.

Il dépend de toi de me faire du bien, à moi et à beaucoup de gens.

ELPÉNOR.