Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/133

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Je ne me flatte pas de tout expliquer. Dans un champ semblent être réunis des marchands qui parlent d’affaires : on voit des vaisseaux chargés, des dauphins, comme ornements, des bêtes de somme transportant des marchandises, l’arrivée des marchandises et leur inspection, enfin tout ce qui peut se passer encore d’humain et de naturel. Puis un cheval courant dans le zodiaque, après avoir peut-être tiré auparavant derrière lui charrettes et cochers ; dans les frises, les autres espaces et les tympans, Bacchus, les Faunes, le Soleil, la Lune, et toutes les merveilles qui décorent ou qui peuvent avoir décoré le globe et le faite.

Tout l’ensemble est du plus heureux effet. Au point où sont arrivées aujourd’hui la sculpture et l’architecture, on pourrait élever, dans cet esprit, un magnifique monument aux hommes les plus dignes, à leurs jouissances et à leurs mérites. Livré h, ces méditations, j’aimais à célébrer en secret le jour natal de notre honorée duchesse Amélie, à me rappeler en détail sa vie, sa noble et bienfaisante influence ; ce qui m’inspirait naturellement le désir de lui vouer par la pensée un pareil obélisque et de donner pour ornements caractéristiques à tous les panneaux l’histoire de sa vie et de ses vertus.

Trêves, 25 octobre r792.

Je profitai du repos et du loisir dont je jouissais alors pour mettre en ordre et recueillir ce que j’avais élaboré pendant ces jours orageux. Je songeai aussi à rattraper mon troisième volume du Dictionnaire de physique. Après des informations et des recherches, je trouvai enfin la cuisinière à l’hôpital, qu’on avait établi avec assez de soin dans un couvent. Elle était atteinte de l’épidémie. Du moins les salles étaient aérées et propres. Elle me reconnut, mais sans pouvoir parler. Elle tira le volume de dessous sa tête, et me le rendit, aussi propre et aussi bien conservé que je le lui avais remis. J’espère que les soins auxquels je l’ai recommandée lui auront été salutaires.

Un jeune professeur vint me voir ; il me prêta plusieurs des plus récents journaux, et j’eus avec lui d’agréables entretiens. Il s’étonna, comme tant d’autres, que je ne voulusse plus en-