Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/132

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de son obéissance militaire, qui semblait l’enchaîner dans une situation oisive.

24 octobre 1792.

Par les soins de mon ami, je fus de nouveau logé chez le chanoine. Je n’a vais pas échappé entièrement à l’épidémie générale, et j’avais besoin de quelques ménagements. Pendant ces heures tranquilles, je revis les courtes observations que j’avais faites *n présence du monument d’igel.

Pour exprimer l’impression la plus générale, on y voit la mort opposée à la vie, le présent à l’avenir, et tous deux confondus ensemble dans le sens esthétique. C’était l’excellente manière des anciens, qui s’est conservée assez longtemps dans le monde des arts. ’

La hauteur du monument est d’environ soixante et dix pieds. Il s’élève en forme d’obélisque, à plusieurs divisions architecturales : d’abord la base, puis un socle, puis la masse principale, couronnée d’un attique, ensuite un fronton, enfin une pointe bizarrement contournée, où se montrent les restes d’un globe et d’un aigle. Chacune de ces divisions, avec les membres dont elle se compose, est toute décorée de figures et d’ornements. Ce caractère annonce sans doute une époque tardive, car il se manifeste aussitôt que se perdent les pures proportions de l’ensemble ; or, il y aurait aussi, sous ce rapport, quelque chose à critiquer dans cet ouvrage.

Néanmoins il faut reconnaître qu’on y retrouve l’influence d’une époque, voisine encore, où l’art avait un caractère élevé. Sur tout l’ensemble règne l’esprit de l’antiquité, qui représente la vie réelle, que l’allégorie assaisonne d’allusions mythologiques. Dans le champ principal, un mari et une femme, de taille colossale, se tendant la main, sont unis par une troisième figure, fruste, qui paraît les bénir ; ils sont entre deux pilastres richement ouvragés, ornés d’enfants dansants, placés les uns audessus des autres. Tous les panneaux rappellent les plus heureuses relations de famille, des parents unis par l’action et la pensée, enfin le tableau d’une vie commune, vertueuse et féconde en plaisirs.

Mais, à proprement parler, c’est l’activité qui règne partout.