Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/204

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d’accommodement qui sont rejetées. Le 19, le bombardement continue ; les moulins du Rhin sont endommagés et mis hors de service. Le 20, le général commandant d’Oyre envoie un projet de capitulation sur lequel on traite. Nuits du 21 et du 22, bombardement furieux. L’église des dominicains est réduite en cendres. De notre côté, un atelier prussien saute en l’air.

Quand on sut, le 22 juillet, que l’armistice était conclu, on courut au quartier général pour attendre l’arrivée du général d’Oyre, le commandant de la place. Il vint. C’était un homme grand et bien fait, d’une taille élancée, de moyen âge, très-naturel dans sa tenue et ses manières. Tandis que les négociations se suivaient dans le conseil, notre attention et nos espérances furent vivement excitées ; mais, quand nous sûmes qu’on élait d’accord, et que la ville serait rendue le lendemain, plusieurs se sentirent, comme par enchantement, délivrés soudain des fatigues, des soucis et de l’angoisse, et quelques amis ne résistèrent pas à la tentation de monter à cheval et de courir à Mayence. En chemin, nous atteignîmes Soemmering qui gagnait aussi Mayence à la hâte, sans doute pour des raisons plus fortes, mais sans considérer non plus le danger de l’entreprise. Nous voyions de loin la barrière dé la première porte et, derrière, une foule de gens amassés. Nous remarquâmes devant nous des piéges à loup, mais nos chevaux y étaient accoutumés et nous les passâmes heureusement.

Comme nous arrivions à la barrière, on nous cria : « Qu’apportez-vous ? » Il y avait dans cette foule peu de soldats : ce n’étaient que bourgeois, hommes et femmes. Sur notre réponse, que nous apportions l’armistice et vraisemblablement, pour demain, la liberté et la délivrance, nous fûmes accueillis avec de bruyants applaudissements. Nous rtous donnâmes les uns aux autres autant d’éclaircissements qu’il plut à chacun, et, comme nous allions tourner bride, accompagnés de mille bénédictions, Soemmering arriva, entra dans la conversation, trouva des visages connus, lia une conversation plus intime, et disparut enfin avant que nous l’eussions remarqué. Pour nous, nous jugeâmes qu’il était temps de retourner.

Les mêmes désirs, la même ardeur, entraînèrent un certain