Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/249

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le drame. Des sentiments de jeunesse plus sérieux, innocents, mais douloureux, s’emparent de moi : je les observe et les exprime ; cependant le jeune homme remarque divers désordres dans les dehors fardés de la société civile : les travaux du premier genre ont produit le Caprice de l’Amant et quelques chansons ; ceux du second, les Complices, où un observateur attentif ne pourra méconnaître une sérieuse étude du monde de Molière. De là l’étrangeté de mœurs qui écai ta longtemps cette pièce du théâtre.

l>e 1900 à i SS.V

Nouvelles vues sur la vie. Événements, passions, jouissances et peines. On sent la nécessité d’une forme plus libre et l’on se jette du côté des Anglais. Ainsi naissent Werther, Goelz de Berlichingen, Egmoni. On revient, avec des sujets plus simples, à la forme plus étroite : Clavijo, Stella, Erwln et Elmire, Claudine de Villa-Bella. Dansces deux derniers ouvrages, j’essaye du mélange de la prose et des chants. Il faut rapporter ici les poésies adressées à Bélinde et à Lili, dont plusieurs sont perdues, ainsi que diverses pièces de circonstance, des épîtres et d’autres amusements de société.

Cependant on plonge plus hardiment dans les profondeurs de la nature humaine. On oppose une existence passionnée à des théories trompeuses, bornées. On s’élève contre la préconisation des faux modèles. Tout cela, avec ses conséquences, était senti profondément et sincèrement, mais souvent exprimé d’une manière injuste et partiale ; Faust en est un exemple1. Plusieurs productions de ce genre audacieux se sont perdues. Les Dieux, les Héros et Wieland se sont conservés.

Les critiques littéraires que j’ai insérées dans la Gazette savante de Francfort, en 1772 et 1773, donnent une idée complète de l’esprit qui nous animait alors, mes amis et moi. On y voit une tendance absolue à briser toutes les barrières.

Le premier voyage en Suisse m’ouvrit sur le monde des perspectives variées ; ma visite à Weimar m’engagea dans les rela-


1. Ainsi que les fragments du Juif errant. Tome I. page 235.