Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/259

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monde, qu’il regardait comme sa création ? Comme on avait réduit le nombre des heures qu’il voulait consacrer à ses leçons publiques, il entreprit d’en donner le dimanche, ce qui rencontra d’abord des obstacles. Ses opinions sur Dieu et sur les choses divines, objets sur lesquels il vaut mieux observer un profond silence, nous attirèrent du dehors des désagréments.

Le professeur Goettling nous initia aux découvertes de la chimie française. Alexandre de Humboldt, longtemps attendu, revint de Bayreuth et nous inculqua des idées générales sur l’histoire naturelle. Son frère aîné, que nous possédions aussi, savait répandre sur tous les sujets la clarté et l’intérêt, et nous communiquait ses travaux, ses recherches et sa science.

La nature, suivant sa coutume, ne fit pas la moindre attention à tous les crimes de cette année : les récoltes furent magnifiques * tout mûrit un mois plus tôt ; tous les fruits réussirent à la perfection ; les abricots et les pêches, les melons et même les châtaignes, s’offrirent à l’amateur mûrs et savoureux, et 1794 compte dans le nombre des années du plus excellent vin.

Le Roman du Renard était imprimé. Un accident me priva d’abord des suffrages de mes nobles amis de Gotha. Le duc Ernest m’avait prêté obligeamment divers instruments de physique. En les lui renvoyant, je joignis aux paquets les exemplaires du poème badin. L’homme chargé de ces sortes d’affaires était absent, et la boîte resta longtemps fermée. J’attendis vainement pendant plusieurs semaines une réponse obligeante d’amis si chers et d’ordinaire si ponctuels ; enfin la caisse fut ouverte. Alors ce furent des excuses, des plaintes et des regrets répétés. Voss critiqua mes hexamètres, mais nous finîmes par nous entendre, parce que j’eus égard à ses observations et me montrai dans la suite docile et soumis.

L’impression du premier volume de Wilhelm Meister était commencée, j’avais enfin résolu de déclarer achevé un travail auquel je trouvais encore tant à dire, et je fus charmé de n’avoir plus devant les yeux ce début, quand la continuation et la perspective d’une conclusion, désormais obligée, me tourmentaient au plus haut point. Mais la nécessité est le meilleur conseiller.

Il parut en Angleterre une traduction d’Iphigénie. Unger la