Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/269

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Weisshouhn, espérant trouver en lui un aide et un collaborateur. Mais le nouveau venu s’écarta bientôt de Fichte en quelques points, et, pour un philosophe, c’est dire en tous. La concorde fut bientôt troublée, et, pour l’apaiser, il fallut faire intervenir d’en haut la véritable sagesse.

Tandis que les philosophes renouvelaient de temps en temps des querelles que nous avions de la peine à apaiser, nous saisissions toutes les occasions favorables pour seconder les naturalistes. Batsch, toujours plein d’ardeur et de zèle, sentait sa position, connaissait nos moyens, et se contentait de ce qui pouvait se faire. Nous eûmes le plaisir de l’établir plus solidement dans le jardin des princes ; une serre fut construite sous sa direction, et cela promettait des faveurs nouvelles.

De jeunes hommes, que j’avais vus, durant près de vingt années, se développer auprès de moi dès leur enfance, entraient maintenant dans la vie, et leurs lettres me donnaient de la joie, parce que je les voyais poursuivre leur carrière avec énergie et sagesse. Frédéric de Slein était en Angleterre, et son esprit pratique y trouvait beaucoup d’avantages ; Auguste de Herder m’écrivait de Neuchâtel, où il se préparait à remplir sa destination. .

Schlosser quitte le pays et, comme on ne pouvait désespérer de trouver un asile, il se rend à Anspach, dans l’intention de s’y établir.

Herder s’éloigne un peu de moi. Sa répugnance pour la philosophie de Kant et, par conséquent, pour l’université d’Iéna n’avait fait que s’accroître ; moi, au contraire, je m’en rapprochais toujours plus par l’entremise de Schiller. Toute tentative pour rétablir l’ancienne intimité fut donc sans effet, d’autant plus que Wieland maudissait la nouvelle doctrine dans la personne de son gendre, et, comme latitudinaire, trouvait trèsmauvais qu’on prétendît fixer par la raison le droit et le devoir, et qu’on menaçât de mettre fin aux mobiles caprices de l’humour et de la poésie. Herder était naturellement délicat et tendre ; son ardeur, puissante et grande ; aussi, soit qu’il voulût agir ou réagir, c’était toujours avec une certaine précipitation et une certaine impatience. Son esprit était plus fait pour discuter que pour construire. De là l’éternel hètéros logos contre tout