Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/270

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ce qu’on avançait. Il pouvait vous railler amèrement, quand vous répétiez avec conviction ce qu’il avait enseigné et présenté peu auparavant comme sa propre opinion.

1796.

Iftland nous donna aux mois de mars et d’avril quatorze représentations, qui furent très-utiles à notre théâtre. Outre l’effet inestimable de son exemple instructif, entraînant, ces representations d’ouvrages importants devinrent le fonds d’un répertoire durable ; Schiller, qui s’attachait toujours à ce qu’on avait sous la main, arrangea E g mont dans es but, et ce drame fut donné pour la clôture des représentations d’Iffland, à peu près comme on le donne aujourd’hui sur la scène allemande.

Elle nous offre ici, en général, les plus remarquables commencements. Schiller, qui avait déjà visé dans Don Carlos à une certaine modération, et qui s’était accoutumé, en écrivant cette pièce pour le théâtre, à une forme plus limitée, s’était emparé du sujet de Wallenstein. Il avait traité de telle sorte une si riche matière dans l’histoire de la guerre de Trente ans, qu’il pouvait bien se sentir maître de ce vaste ensemble. Mais cette abondance même lui rendait difficile une mise en œuvre plus restreinte, et j’en pus être témoin, parce qu’il aimait à parler de ses conceptions poétiques, et à débattre ce qu’il convenait de faire.

Nos conférences et notre activité commune, qui ne cessaient pas, et le désir d’animer le théâtre, me portèrent à reprendre Faust : ce fut en vain ; avec tous mes efforts, je ne faisais que l’éloigner toujours plus de la scène.

Les Heures poursuivaient leur cours, et je continuais de travailler pour ce recueil. Cependant l’infatigable activité de Schiller lui fit concevoir l’idée d’un Almanach des Muses, recueil poétique, qui pourrait exister avec avantage à côté de l’autre, destiné surtout à la prose. Cette fois encore, il trouva un appui favorable dans la confiance de ses compatriotes. D’ailleurs il était fait pour les fonctions de rédacteur : un coup d’œil lui suffisait pour juger de la valeur d’un poème, et, si l’auteur avait été prolixe, ou n’avait pas su finir, Schiller, d’un trait de