Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/277

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J’étais toujours occupé des sciences naturelles ; mais, pour que mon esprit fût ramené vers l’observation directe et commune de la nature, je cédai à la fantaisie champêtre de l’époque. Propriétaire du franc-alleu de Rossla, je fus appelé à faire plus intime connaissance avec le sol, les usages du pays, les affaires villageoises, qui, sans cela, me seraient restées tout à fait étrangères. Par là, je me trouvai aussi voisin de Wieland, qui s’était engagé plus avant dans ce genre de vie, car il avait quitté tout à fait Weimar et avait transporté son domicile à Ossmanstaedt. Il n’avait pas considéré ce qu’il aurait dû voir d’abord, que sa société était devenue indispensable à notre duchesse Amélie, comme à lui celle de la duchesse. Cet éloignement donna lieu à un merveilleux échange de messagers à pied et à cheval, et en même temps à une certaine inquiétude, qu’il était presque impossible de calmer.

Durant l’été, Mme de La Roche arriva: apparition singulière ! Wieland n’avait jamais été bien d’accord avec elle, mais il se trouvait alors en complète opposition. La bénigne sentimentalité qui avait pu être soufferte trente années auparavant, dans une époque de ménagements mutuels, était désormais tout à fait hors de saison et insupportable pour un homme tel que Wieland. Sa petite fille, Sophie Brentano, l’avait accompagné, et jouait un rôle opposé, non moins étrange.

1799.

Le 30 janvier, représentation de Piccolomini ; le 30 avril, de Wallenstein. Cependant Schiller travaillait toujours. Il s’occupe de Marie Stuart et des Frères ennemis. Nous conférons ensemble sur l’idée de recueillir et de faire imprimer les pièces allemandes qui pouvaient se conserver ; les unes seraient imprimées sans changements, les autres seraient modifiées, resserrées et mises au goût du temps. On en devait faire autant des pièces étrangères, et cette transformation ne devait point mettre obstacle à nos propres travaux. On ne peut méconnaître ici l’intention de fonder pour les théâtres d’Allemagne un solide répertoire, et notre zèle prouve combien nous étions persuadés qu’une telle entreprise était nécessaire, importante et féconde