Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/314

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par son aimable fille, j’entendis derrière une porte de tapisserie plusieurs de ses leçons, et je trouvai chez lui en activité tous les dons que je devais attendre : une exposition facile, découlant de ^abondance du savoir, et qui répandait parmi les auditeurs les plus solides connaissances avec liberté, avec esprit et avec goût.

Je devais trouver à Halle une autre source d’instruction. Le docteur Gall commença ses leçons dans les premiers jours du mois d’août, et je me joignis à la foule des auditeurs. Sa doctrine devait me plaire ; j’étais accoutumé à considérer le cerveau au point de vue de l’anatomie comparée. En admettant que Gall, séduit par son coup d’œil pénétrant, descendît trop aux spécialités, on pouvait bien mettre certaines tendances en rapport avec la prédominance de certains organes.

Dès le début de ses cours il fit mention de la métamorphose des plantes. Il avait senti cetle analogie ; mais il n’y revint pas dans la suite, quoique cette idée eût fort bien pu pénétrer toute sa doctrine. ’

Gall faisait partie de la société au sein de laquelle j’étais si amicalement reçu. Nous nous voyions presque tous les jours, presque à tous moments, et la conversation demeurait toujours dans la sphère de ses remarquables observations. Il plaisantait sur chacun de nous ; et il soutenait que, d’après la structure de mon front, je ne pouvais ouvrir la bouche sans produire un trope : sur quoi il pouvait en effet me prendre à chaque instant en flagrant délit. En observant toute ma structure, il assurait sérieusement que j’étais né orateur populaire. Ces réflexions donnaient lieu à mille plaisanteries, et il me fallait souffrir qu’on fît de moi un Chrysostome.

Une sérieuse indisposition m’ayant empêché de suivre jus’ qu’au bout les leçons du docteur Gall, il eut la complaisance d’en faire transporter l’appareil dans ma chambre, et de me donner une connaissance très-suffisante de son système.

Il était parti pour visiter Goettingue. De notre côté, nous fûmes séduits par la perspective d’une course aventureuse. Le conseiller Beireis, qui demeurait àHelmstaedt, nous était depuis longtemps connu comme un singulier personnage, à plusieurs égards, énigmatique ; son entourage, sa richesse remar-