Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/370

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Notre paix intérieure était favorisée par celle du monde, lorsque, la liberté de la presse ayant été promulguée, les annonces de l’Isis parurent, et tous les hommes sages et bien pensants prévirent avec effroi et tristesse les suites immédiates de cet événement, faciles à calculer, et les suites éloignées, qui étaient incalculables.

1817

Cette année, j’avais plus d’une raison de faire un long séjour à léna, et j’y fis transporter une partie de mes manuscrits, de mes dessins, de mes instruments et de mes collections. Je passai d’abord en revue l’ensemble des établissements. Le premier objet qui nous occupa fut’la création d’un musée botanique ; vers la fin de l’année, ce fut l’arrangement de la bibliothèque, qui présentait de grandes difficultés. L’espace ne suffisait plus aux livres, entassés depuis trois cents ans. La salle inférieure était humide. Il fallut veiller d’abord aux réparations nécessaires. L’école vétérinaire fut ensuite l’objet de nos soins.

Les sciences m’occupèrent tour à tour. J’avais fait venir à léna mon portefeuille d’anatomie comparée. Le professeur Renner me démontra plusieurs choses, surtout en ce qui touche au système lymphatique. La géognosie, la géologie, la minéralogie et leurs dépendances étaient à l’ordre du jour. La chromatique ne cessait pas de m’occuper en silence. Je recherchai l’état où elle était parvenue en Angleterre, en France, en Allemagne. Je remarquai avec joie qu’on s’était approché de la voie naturelle par l’observation pure, et qu’on y avait même touché quelquefois ; mais j’eus bientôt le chagrin de reconnaître qu’on ne pouvait se délivrer entièrement de l’ancienne erreur, que la couleur fût renfermée dans la lumière ; qu’on se servait de la terminologie traditionnelle, et qu’on était tombé par là dans le plus grand embarras.

Cette année fut heureuse pour les arts plastiques. On parlait toujours plus des marbres d’Elgin, et le désir de voir de mes yeux quelque chose de Phidias était si vif chez moi* que, par une belle matinée, étant sorti sans dessein, surpri^par ma passion, je me rendis soudainement à Roudolstadt, et je me ré-