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comme un résultat et une confirmation de ma doctrine des couleurs.

La grande salle inférieure de la bibliothèque d’Iéna était désormais réparée. On y fit tous les arrangements convenables. Nous enrichîmes le jardin botanique d’une nouvelle serre.

Je connaissais déjà quelques estampes du Triomphe de Maiitégna ; j’en reçus enfin la suite complète, et je pus les étudier de suite et à loisir. Mais j’ignorais où se trouvaient les originaux, lorsqu’un matin, ayant étalé mes feuilles devant moi dans le pavillon du jardin d’Iéna, pour les considérer plus attentivement, le jeune Mellish, fils d’un ancien ami, entra, et me dit aussitôt qu’il se trouvait en pays de connaissance : car, peu de temps avant son départ d’Angleterre, il avait vu ces tableaux bien conservés à Hamptoncourt, dans les salles du cMteau royal. La recherche m’était rendue plus facile. Je renouvelai mes relations avec M. le docteur Noehden, qui vint au-devant de mes désirs avec la plus grande obligeance. Le nombre, la mesure, l’état de conservation, l’histoire de l’acquisition par Charles Ier, tout fut éclairci.

Dès ma jeunesse, j’avais aimé la société des artistes plastiques. Je pus en jouir pleinement cette année. Comme je séjournais à léna, vers la fin de l’été, dans le pavillon du jardin, ma demeure ordinaire, je reçus la visite de trois bons artistes de Berlin. M. Schinkel me communiqua les plans de son nouveau théâtre, et il me fit voir aussi d’inestimables paysages dessinés à la plume, qu’il avait recueillis dans un voyage au Tyrol. MM. Tieck et Rauch modelèrent mon buste ; M. Tieck fit aussi le profil de mon ami Knebel. Des conversations vives, et même passionnées, s’établirent entre nous, et je pus compter ces jours parmi les plus beaux de l’année.

L’excellent Frédéric Gmelin, toujours studieux, toujours bien disposé pour les amateurs de Weimar, nous envoya la plupart des épreuves de ses cuivres pour le Virgile de la duchesse de Devonshire. Nous admirâmes son burin, mais nous déplorâmes qu’il eût dû prêter son talent à de pareils dessins. Ces gravures, destinées à accompagner une édition de luxe de l’Enéide d’Annibal Caro, offrent un triste exemple de la tendance réaliste moderne, qui se déploie surtout chez les Anglais.