Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/414

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comme un ingrédient nécessaire et même salutaire de mon existence celle de l’homme qui me poursuit de son antipathie et de sa haine.

J’aime à songer qu’il est de Weimar, et je suis charmé qu’il ne puisse ravir à cette ville, qui m’est si chère, le mérite d’a voir été le lieu de sa naissance. Je me le rappelle avec plaisir bel et joyeux enfant, qui tendait des lacets dans mon jardin, et qui m’amusait souvent par sa libre activité ; j’aime a voir en lui le frère d’une aimable personne, qui s’est toujours montrée digne de respect comme femme et comme mère. Si je passe en revue ses travaux littéraires, je me retrace avec plaisir les heureuses impressions que m’ont faites quelques endroits, quoique l’ensemble d’un de ses ouvrages, soit comme œuvre d’art ou de sentiment, soit par ce qu’il exprimait ou faisait entendre, n’ait jamais pu me charmer et s’identifier avec ma nature. D’un autre côté, ses travaux littéraires m’ont beaucoup servi à exercer mon jugement, caries œuvres contemporaines aiguisent notre jugement d’une façon toute particulière.

Il m’a fourni l’occasion de connaître beaucoup d’autres choses, et même le public tout entier. Et, pour dire plus, je trouve encore souvent l’occasion de défendre contre des critiques et des improbateurs ses ouvrages, dont on ne peut méconnaître le mérite.

Si maintenant je me considère comme directeur d’un théâtre, si je me rappelle tous les moyens qu’il nous a fournis d’amuser les spectateurs et de remplir notre caisse, je ne sais comment je pourrais dédaigner, critiquer ou même nier l’influence qu’il a exercée sur mes affaires et mon entreprise : au contraire, je crois avoir tout sujet de m’en applaudir et de souhaiter qu’il puisse l’exercer encore longtemps.

Je me féliciterais de l’aveu que je viens de faire, si j’apprenais que ce moyen, qui n’est point d’une haute morale, qui est moins encore chrétien, mais inspiré par un égoïsme intelligent, est employé de même avec avantage par tel homme qui se trouve dans le même cas, pour bannir de son cœur le plus désagréable de tous les sentiments, l’antagonisme sans force et la haine impuissante.

Et pourquoi ne pas avouer que, dans ce grand commande-