Page:Goethe - Hermann et Dorothée, 1886, trad. Boré.djvu/29

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bien est amère la fuite avec ses innombrables peines, et, toutefois, combien est vive l’émotion d’une existence rapidement arrachée à la mort ! Les divers objets qu’un sage propriétaire met chacun à la place convenable, toujours prêts à être employés dans un ménage, chaque chose est nécessaire ou utile, tous ces meubles que renferme une maison bien pourvue et bien rangée, il était triste de les voir sur des véhicules de différentes sortes, dans le pêle-mêle où les avait jetés la précipitation : le cible et la couverture de laine pardessus l’armoire, le lit dans la huche, les draps couvrant le miroir. En effet, comme nous l’a montré, il y a vingt ans, notre incendie, l’effroi du péril enlève tout discernement à l’homme, de sorte qu’il sauve ce qui est insigniflant et abandonne ce qui est précieux. De même, l’irréflexion leur avait fait emporter des objets sans valeur, dont les bœufs et les chevaux étaient surchargés : tels que vieilles planches, vieux tonneaux, cages (Voie et poussinières. Les femmes, les enfants haletaient, se traînant avec des paquets, ou portant des hottes et des paniers remplis de choses inutiles : tant l’homme délaisse à regret la moindre de ses lws:;essiollsl La route poudreuse était couverte de cette foule en désordre. L’un, à cause de la faiblesse de son attelage, voulait aller lentement, l’autre avait hâte de passer outre. C’étaient alors