Page:Goethe - Hermann et Dorothée, 1886, trad. Boré.djvu/30

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des clameurs de femmes et d’enfants foulés, des mugissements de bétail mêlés aux aboiements des chiens, les gémissements lamentables des malades oscillant sur leur couche, au haut des lourdes charrettes encombrées de bagages. Cependant, s’égarant hors de l’ornière jusqu’au bord de la chaussée, la roue dévoyée grince ; la voiture verse dans le fossé, et, précipités par la violente impulsion, les gens vont tomber au loin dans le champ, heureusement sans blessures graves, mais poussant d’effroyables cris, tandis que, plus près de l’équipage culbuté, roulent ensemble armoires, caisses et coffres, sous le poids desquels, en voyant cette chute, on les a d’abord crus écrasés. La charrette n’en est pas moins brisée, et ils restent sans secours, car, les autres passent et s’éloignent vite, ne pensant qu’à eux-mêmes, entraînés, d’ailleurs, par le torrent. Nous accourons, nous trouvons contusionnés des vieux, des infirmes, qui, couchés à la maison, pourraient à peine supporter leurs continuelles souffrances ; ils gisent, devant nous, sur le sol, brûlés des feux du soleil, étouffés par les flots de poussière, geignant et se plaignant. »

L’hôtelier, plein d’humanité, dit avec sympathique :

« Puisse Hermann les rencontrer encore, les restaurer, les vétir ! Je ne voudrais pas les voir moi-même ; l’aspect de la souffrance me fait mal. Tou-