Page:Goethe - Les Affinités électives, Charpentier, 1844.djvu/82

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le village, passait à côté de l’église, se confondait avec l’ancien sentier de Charlotte, le quittait pour s’élever en serpentant, laissait la cabane de mousse à gauche, et montait doucement, et par un détour nouveau, jusqu’au haut de la montagne.

Dès le matin le château était rempli par les hôtes invités pour la fête de Charlotte. Tout le monde se rendit à l’église, où l’on trouva les habitants de la commune vêtus de leurs plus beaux habits. Le sermon terminé, le cortège se mit en marche dans l’ordre indiqué par le Capitaine. Les enfants mâles, les jeunes garçons et les hommes ouvraient le marche ; les maîtres du château et leurs invités suivaient cette avant-garde ; les femmes de Charlotte, les petites filles, les jeunes villageoises et leurs mères, fermaient le cortège.

A un détour de la route on arriva sur un plateau de rochers où le Capitaine fit faire une courte halte à ses amis et à leurs hôtes, autant pour les reposer que pour leur faire remarquer la beauté du coup d’œil dont on jouissait de ce point de vue si adroitement ménagé. En levant les yeux vers la cime de la montagne, ils voyaient les hommes gravir lentement et en bon ordre vers cette cime ; en laissant errer leurs regards dans le fond, ils découvraient non-seulement une campagne riche et fertile, mais le gracieux cortège des femmes qui montaient légèrement vers eux. Un beau soleil éclairait ce tableau, et Charlotte, émue jusqu’aux larmes, pressa en silence la main de son ami.

Lorsqu’on atteignit enfin la plate-forme où devait s’élever la maison d’été, les hommes s’étaient déjà placés en demi-cercle autour des fossés destinés aux murs des fondements. Un maçon, en costume de fête et décoré de tous les insignes de son état, invita Charlotte et