Page:Goethe - Werther, 1845, trad. Leroux.djvu/129

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19 juillet.

Je la verrai ! voilà mon premier mot lorsque je m’éveille, et qu’avec sérénité je regarde le beau soleil levant ; je la verrai ! Et alors je n’ai plus, pour toute la journée, aucun autre désir. Tout va là, tout s’engouffre dans cette perspective.




20 juillet.

Votre idée de me faire partir avec l’ambassadeur de *** ne sera pas encore la mienne. Je n’aime pas la dépendance, et de plus tout le monde sait que cet homme est des plus difficiles à vivre. Ma mère, dis-tu, voudrait me voir une occupation : cela m’a fait rire. Ne suis-je donc pas occupé à présent ? Et, au fond, n’est-ce pas la même chose que je compte des pois ou des lentilles ? Tout, dans cette vie, aboutit à des niaiseries ; et celui qui, pour plaire aux autres, sans besoin et sans goût, se tue à travailler pour de l’argent, pour des honneurs, ou pour tout ce qu’il vous plaira, est à coup sûr un imbécile.