Page:Gogol - Le Revizor 1922.djvu/14

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O LE REVIZOR

j'ai reçue d'André Ivanovitch Tchmikhof... vous le connaissez, Artemi Philippovitch. Voilà ce qu'il écrit : « Cher ami, collègue et bienfaiteur... (Il marmotte, parcourant vite la lettre) et t'annoncer »... Ah ! voilà, j'y suis. « Je me hâte de t'annoncer, entre autres choses, qu'un fonctionnaire est arrivé avec l'ordre de visiter tout notre gouvernement et spécialement notre district. (Le préfet lève son doigt d'un air significatif.) Je l'ai appris d'une source sûre... Le révizor se fait passer pour un particulier... Et vu que je ne suis pas sans ignorer que tu as comme nous tous quelques péchés sur ta conscience... que tu es un homme intel- ligent n'aimant pas laisser échapper ce qu'il peut saisir au vol »... (s'arrêtant) ceci me regarde... « Je te conseille donc de prendre tes précautions, car il peut arriver d'une heure à l'autre... s'il n'est déjà là, quelque part, incognito... Hier, je... » Ce sont des affaires de famille. « Ma sœur Anna Kirillovna est descendue chez nous avec son mari ; Ivan Kirillo- vitch a beaucoup engraissé et ne cesse de jouer du violon »..., etc., etc.. Voilà le fait, messieurs.

Ammoss Phiodorovitch. — Oui, un fait évidem- ment extraordinaire, simplement extraordinaire... et qui doit cacher quelque dessous...

Louka Loukitch. — Mais pour quel diable de motif, Antone Antonovitch, ce révizor vient-il ici?... Pourquoi?...

Le préfet. — Pourquoi? Telle est, sans doute, notre destinée. (Il pousse un soupir.) Jusqu'à ce jour, les révizors allaient ailleurs, Dieu soit loué... Notre tour est venu...

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