Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/105

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de pâtés pétris avec du miel et de la graine de pavots, arrêtaient par le pan d’habit ceux dont les caftans étaient faits de drap ou de coton :

— Messieurs, ici, ici, criaient-elles de tous côtés ; voici des petits pains ; voici des gâteaux de miel. Ils sont bons, très-bons, j’en prends Dieu à témoin ; je les ai faits moi-même. —

Une autre criait, en soulevant quelque chose de long et de tordu :

— Voici un saucisson, messieurs ; achetez un saucisson.

— N’achetez rien chez elle, disait la voisine ; voyez qu’elle est laide et quel vilain nez elle a ; ses mains sont malpropres. —

Mais toutes ces marchandes n’avaient garde de s’adresser aux philosophes ni aux théologiens, car ces messieurs ne prenaient jamais que pour essayer la marchandise, et toujours à pleines mains.

En arrivant au séminaire, toute cette foule s’éparpillait dans les classes, qui consistaient en de grandes chambres basses, avec de petites fenêtres, de larges portes et de vieux bancs noircis. Toutes les salles se remplissaient de bourdonnements divers et confus. Les répétiteurs faisaient réciter les leçons aux élèves. La voix aigre et perçante d’un grammairien se trouvait au diapason d’une petite vitre brisée, dans l’une des fenêtres, et cette vitre lui répondait à l’unisson. Dans un coin marmottait