Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/114

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comment se coucher comme un chien, sans avoir soupé ? Essayons encore ; peut-être trouverons-nous enfin quelque habitation ; peut-être aurons-nous encore la consolation de boire un verre d’eau-de-vie avant de dormir. —

Au mot d’eau-de-vie, le théologien cracha de côté, et ajouta :

— C’est vrai, il ne faut pas rester ici.  —

Les boursiers se remirent donc en marche, et, à leur grande joie, ils entendirent dans l’éloignement l’aboiement d’un chien. Après avoir écouté avec attention d’où venait cette voix amie, ils se dirigèrent avec plus de courage de ce côté, et quand ils eurent marché quelque temps encore, ils aperçurent de la lumière.

— Un village ! un village ! — s’écria le philosophe.

Ses conjectures ne le trompaient pas. Au bout de peu d’instants, ils rencontrèrent un petit hameau qui ne se composait que de deux maisons réunies par la même cour. On voyait de la lumière à une fenêtre, et une dizaine de pruniers élevaient leurs tiges au-dessus de la haie. En regardant par les fentes de la porte, les étudiants aperçurent une vaste cour remplie de chariots de tchoumakis[1]. En ce moment quelques rares étoiles brillèrent au ciel.

  1. Colporteurs ambulants.