Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/126

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lettre, dès qu’ils seront prêts. Je les ai déjà donnés à un écrivain pour qu’il les copie. Et n’oublie pas, mon ami, de rappeler de ma part à ton maître que je sais qu’il y a d’excellents poissons dans ses étangs, surtout de gros esturgeons. Je le prie de m’en envoyer ; ici, au marché, le poisson est cher et mauvais. Et toi, Iavtoukh, donne à ces gens un verre d’eau-de-vie. Et vous, n’oubliez pas d’attacher le philosophe ; sans quoi, il serait bientôt déguerpi.

— Voyez-vous ce fils du diable ! — se dit le philosophe, qui avait tout entendu ; il a mis le nez sur l’affaire, le héron aux longs pieds.

Descendu dans la cour, il aperçut une kibitka, qu’il avait prise, dans le premier moment, pour une grange montée sur des roues. Et en vérité, elle était aussi profonde qu’un four à cuire des briques. C’était l’équipage ordinaire de Cracovie, dans lequel voyagent les juifs avec leurs marchandises, par toutes les villes où ils flairent une foire. Six Cosaques, grands et forts, mais un peu vieux déjà, l’attendaient. Leurs caftans de drap fin, ornés de brandebourgs, faisaient voir qu’ils appartenaient à un seigneur riche et puissant. De petites cicatrices montraient aussi qu’ils avaient glorieusement fait la guerre.

— Que faire ? se dit le philosophe ; ce qui doit arriver arrive. —