Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/75

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nase Ivanovitch en prenant une grosse tranche ; il y en a qui sont rouges, et qui ne valent rien. —

Cependant la pastèque avait bientôt disparu. Ensuite, Athanase Ivanovitch mangeait encore quelques poires, et allait faire un tour de jardin avec Pulchérie Ivanovna. Rentrée à la maison, la bonne dame vaquait à ses affaires, et le mari, s’asseyant sous la toile d’un balcon qui donnait sur la cour, s’amusait à regarder comment la chambre aux provisions ne faisait que montrer et cacher son intérieur, et comment les servantes, se poussant l’une l’autre, apportaient et remportaient un tas de vieilleries jetées pêle-mêle dans des coffres, des corbeilles, des tamis. Peu après, il envoyait chercher Pulchérie Ivanovna, ou bien allait la trouver lui-même, et lui disait :

— Que faudrait-il donc manger, Pulchérie Ivanovna ?

— Mais quoi donc, répliquait-elle, à moins que je ne fasse venir des gâteaux aux groseilles que j’ai fait garder exprès pour vous ?

— Va pour les gâteaux aux groseilles, répondait Athanase Ivanovitch.

— Peut-être auriez-vous préféré un peu de kissel[1] ?

— Ce ne serait pas mal, en effet, — reprenait Athanase Ivanovitch.

  1. Espèce de gelée aux fruits.