Page:Gogol - Nouvelles de Pétersbourg (extraits Le Portrait ; Le Nez), 1998.djvu/99

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son grand ami Yaryjkine, chef de bureau au Sénat, qui perdait toujours lorsqu’il demandait huit au boston. Il vit aussi de loin un autre major, qui avait également décroché son grade au Caucase et lui faisait signe de venir le rejoindre…

« Saperlipopette ! maugréa Kovaliov en sautant dans un fiacre. Cocher, au galop ! chez le maître de police ! »


« Monsieur, le maître de police est-il visible ? s’écria-t-il en pénétrant dans l’antichambre de ce haut fonctionnaire.

– Non, répondit l’huissier, Monsieur vient de sortir.

– Il ne manquait plus que ça !

– Une minute plus tôt et vous l’auriez trouvé », crut devoir ajouter le suisse.

Kovaliov, le visage toujours enfoui dans son mouchoir, se rejeta dans son fiacre en criant d’une voix désespérée :

« Marche !

– Où cela ? demanda le cocher.

– Droit devant toi !

– Droit devant moi ? Mais nous sommes à un carrefour ; faut-il prendre à droite ou à gauche ? »

Cette question contraignit Kovaliov à réfléchir. La situation lui commandait de s’adresser à la préfecture de police. Bien que l’affaire ne fût pas précisément de son ressort, cette administration était à même de prendre plus rapidement qu’une autre les mesures nécessaires. Il ne fallait pas songer à demander satisfaction au directeur du département auquel le Nez s’était prétendu