Page:Goldsmith - Le Vicaire.djvu/128

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mourant, ou l’Élégie sur la mort d’un chien enragé. — L’élégie, mon enfant, pour tous les motifs ! je ne l’ai jamais entendue. Et vous, Déborah, ma chère ! vous le savez, la douleur altère ; une bouteille de votre meilleur vin de groseilles pour soutenir notre gaieté ! J’ai tant pleuré récemment, à toute espèce d’élégies, que, sans un petit verre de quelque chose de vivifiant, celle-ci, je suis sûr, va me bouleverser ! Toi, ma bonne Sophie, prends ta guitare et accompagne un peu ce garçon ! »



ÉLÉGIE SUR LA MORT D’UN CHIEN ENRAGÉ.


« Bonnes gens de toutes sortes, écoutez tous ma chanson : et si elle vous semble bien courte, elle ne vous tiendra pas longtemps.


« À Islington, il y avait un homme dont le monde pouvait bien dire que, toutes les fois qu’il allait à l’église, c’était pour faire ses dévotions.


« Pour tous, amis comme ennemis, c’était bien le cœur le plus tendre ! Tous les matins, il couvrait la nudité du pauvre, en mettant son habit.


« Dans cette ville il se trouva un chien, un chien comme il y en a tant, métis, roquets, limiers, dogues de bas étage.


« Le chien et l’homme furent d’abord amis ; mais survint une pique, et le chien, pour en venir à son but, prit la rage et mordit l’homme.


« De toutes les rues du voisinage, voisins d’accourir étonnés !… Mordre un si brave homme !… Assurément ce chien a perdu l’esprit.


« Pour tout œil chrétien la blessure était profonde et grave. Bien sûr, criaient-ils tous, le chien a la rage !… Bien sûr aussi l’homme en mourra.