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CHAPITRE XXIV.

Nouveaux malheurs.

Le lendemain, le soleil se leva brûlant pour la saison. Nous eûmes l’idée de déjeuner tous sur le banc de chèvrefeuille. Mille voix gazouillaient dans les arbres d’alentour ; Sophie, à ma prière, y joignit la sienne. C’était là que, pour la première fois, ma pauvre Olivia avait vu son séducteur ; là, tout lui rappelait de pénibles souvenirs. Mais cette mélancolie qu’éveille la vue du plaisir ou qu’inspire l’harmonie repose l’âme au lieu d’aigrir ses douleurs. Ma femme même, en ce moment, sentit un doux serrement de cœur ; elle pleura : elle chérissait sa fille comme par le passé. « Allons, ma bonne Olivia, chante-nous ce petit air mélancolique que ton père aimait tant ; ta sœur Sophie vient d’être bien complaisante pour nous ; allons, mon enfant, tu feras plaisir à ton vieux père. » Elle obéit avec une grâce si touchante, que j’en fus ému.

« Quand une femme, au cœur plein d’amour, cède à son délire, et reconnaît trop tard que les hommes sont trompeurs, quel charme peut adoucir ses ennuis, quel moyen effacer sa faute ?