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écrits des méchants sont de mauvaises actions. Les méchants ne peuvent pas mentir à leur naturel.

Loin de moi cependant l’intention de présenter la vie de Goldsmith comme une vie sans reproche. C’est avec sincérité que j’y ai fait la part de l’abandon, de la nonchalance et du désordre. Il n’y a certainement rien d’honorable dans cette négligence de soi-même qui laisse aller les jours au caprice de la nécessité, dans cette paresseuse insouciance du cœur et de l’esprit, qui ne regarde pas la conduite comme une affaire, et qui remet au hasard des événements tout ce que la prudence et la raison s’efforceraient de lui dérober. Quiconque a vécu sans règle, a mal vécu ; et l’exemple de Goldsmith ne servirait pas d’excuse à ceux qui ont eu le malheur de le suivre ; mais Goldsmith n’est pas de ces hommes qu’il soit permis de juger à la rigueur d’après le texte littéral de la loi commune, ou plutôt, Goldsmith n’est pas même un homme ; c’est un enfant ingénieux et sensible, qui a toute l’inexpérience, tous les défauts des enfants, et qu’on est souvent obligé de plaindre, mais auquel tout le monde aurait pardonné ses torts innocents, si l’injustice et l’envie pardonnaient jamais.

Je ne dirai rien des nombreux écrits de Goldsmith. Les lecteurs qui sont curieux de ce genre de particularités en trouveront les titres dans les biographies et dans les catalogues. Ils ne dédaigneront pas même ce livre malencontreusement publié sous son nom, dans lequel un géographe maladroit fait couler l’Indus entre la Chine et le Japon, et soumet le souverain du grand empire à la loi de Mahomet. Ils plaindront Goldsmith, qui fut obligé de prêter son crédit à de pareilles turpi-