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CHAPITRE IV.

La plus humble fortune peut donner le bonheur qui tient, non à la position, mais au caractère.

Le lieu de notre retraite n’avait qu’un petit nombre de voisins, tous fermiers qui disaient valoir leurs propres terres, étrangers également à l’opulence et à la pauvreté. Trouvant chez eux tout ce qui est nécessaire à la vie, ils allaient rarement demander aux villes et aux cités le superflu. Loin des mœurs polies, ils conservaient encore la simplicité des mœurs primitives, et, sobres par habitude, ils ne se doutaient guère que la tempérance fût une vertu. Ils travaillaient gaiement, les jours ouvrables, mais ils chômaient les fêtes comme des intervalles de repos et de plaisir. Ils entonnaient le carol de Noël, ils envoyaient de véritables lacs d’amour, le matin de la Saint-Valentin, mangeaient des crêpes au carnaval, faisaient de l’esprit au 1er avril, et cassaient religieusement des noix la veille de la Saint-Michel.

Informé de notre arrivée, tout le voisinage s’était mis en marche pour recevoir son ministre, vêtu de ses plus beaux habits, flûte et tambourin en tête : un repas avait été préparé pour notre bienvenue ;