Page:Goldsmith - Le Vicaire.djvu/91

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protestèrent de leur désir de faire plus intime connaissance. Lady Blarney s’attacha plus particulièrement à Olivia. Mais Caroline-Wilhelmine-Amélie Skeggs (j’aime à décliner le nom tout entier) prit plus de goût pour sa sœur.

Elles se mirent à causer entre elles, tandis que mes filles admiraient en silence leurs délicieuses manières. Comme tout lecteur, si gueux qu’il soit lui-même, trouve toujours un vif plaisir aux entretiens du grand monde, aux anecdotes de lords, de ladies, de chevaliers de la Jarretière, je demande la permission de lui donner la fin de la conversation des deux grandes dames.

« Tout ce que j’en sais, dit miss Skeggs, se borne à ceci : possible que cela soit vrai, possible que cela soit faux. Mais ce que je puis assurer à Votre Seigneurie, c’est que tout le rout fut stupéfait. Sa Seigneurie devint de toutes couleurs ; milady s’évanouit ; mais sir Tomkin, tirant son épée, jura qu’il était à elle jusqu’à la dernière goutte de son sang.

« — Bien ! répondit notre princesse ; je vous assure que la duchesse ne m’en a jamais dit un mot, et je crois que Sa Grâce n’aurait pas de secret pour moi. Mais, ce que vous pouvez regarder comme un fait, c’est que, ce matin, milord duc a crié trois fois à son valet de chambre : Jernigan ! Jernigan ! Jernigan ! apporte-moi mes jarretières !

« J’aurais dû, avant tout, rappeler l’inconvenante tenue de M. Burchell, qui, pendant tout ce discours, constamment tourné vers le feu, ne manquait pas, à la fin de chaque couplet, de placer un bast ! Exclamation qui nous déplaisait fort à tous et brisait la vive allure de la conversation.

« D’ailleurs, ma chère Skeggs, continua notre pairesse, il n’y a pas trace de cela dans la copie des vers qu’a faits, à cette occasion, le docteur Burdock. — Bast !

« — J’en suis surprise ; car il oublie rarement un seul détail ; d’au-