Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voyant la figure qu’elle attendait depuis si longtemps pour lui tout dire, une figure où il y avait un peu de tendresse, elle lui avoua, en rougissant et comme en lui demandant pardon, ce qui la rendait si heureuse. — En voilà une idée ! fit Jupillon.

Puis, quand elle l’eut assuré que ce n’était pas une idée, qu’elle était positivement grosse de cinq mois : — De la chance ! reprit le jeune homme. — Merci ! Et il jura. — Veux-tu me dire un peu, qu’est-ce qui lui donnera la becquée, à ce moineau-là ?

— Oh ! sois tranquille !… il ne pâtira pas, ça me regarde… Et puis ça sera si gentil !… N’aie pas peur, on ne saura rien… Je m’arrangerai… Tiens ! les derniers jours, je marcherai comme ça, la tête en arrière… je ne porterai plus de jupons… je me serrerai, tu verras !… On ne s’apercevra de rien, je te dis… Un petit enfant, à nous deux, songe donc !

— Enfin puisque ça y est, ça y est, n’est-ce pas ? fit le jeune homme.

— Dis donc, hasarda timidement Germinie, si tu le disais à ta mère ?

— À m’man ?… Ah ! non, par exemple… Il faut que tu accouches… Ensuite de ça, nous apporterons le moutard à la maison… Ça lui donnera un coup, et peut-être qu’elle nous lâchera son consentement.