Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/140

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XXVI.


Un dimanche matin, Jupillon s’habillait dans la chambre que lui avait meublée Germinie. Sa mère assise le contemplait avec cet ébahissement d’orgueil qu’ont les yeux des mères du peuple devant un fils qui se met en monsieur. — C’est que t’es mis comme le jeune homme du premier ! lui dit-elle. On dirait son paletot… C’est pas pour dire, mais le riche te va joliment, à toi…

Jupillon, en train de faire le nœud de sa cravate, ne répondit pas.

— Tu vas en faire, de ces malheureuses ! reprit la mère Jupillon, et donnant à sa voix un ton d’insinuation caressante : — Dis donc, bibi, que je te dise, grand mauvais sujet : les jeunesses qui fautent, tant pis pour elles ! ça les regarde, c’est leur affaire… Tu es un homme, n’est-ce pas ?… t’as l’âge, t’as le physique, t’as tout… Moi je peux pas toujours te tenir à l’attache… Alors, que je m’ai dit, autant l’une que l’autre… Va pour celle-là… Et j’ai fait celle qui ne voit rien… Eh bien ! oui, pour Germinie… Comme t’avais là ton agrément… Ça t’empêchait de manger ton argent avec de mauvaises femmes… et puis je n’y voyais pas d’inconvénients à cette fille, jusqu’à maintenant… Mais