Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/169

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la porte de l’escalier ; mais là, il lui fut impossible de se soulever jusqu’à la serrure, impossible de crier. Et elle aurait fini d’y mourir, si Adèle, dans la matinée, en passant, inquiète d’entendre un gémissement, n’avait été chercher un serrurier pour ouvrir la porte, et une sage-femme pour délivrer la mourante.

Quand, au bout d’un mois, mademoiselle revint, elle trouva Germinie levée, mais d’une faiblesse si grande qu’elle était obligée de s’asseoir à tout moment, et d’une pâleur telle qu’elle n’avait plus l’air d’avoir de sang dans le corps. On lui dit qu’elle avait eu une perte dont elle avait manqué mourir : mademoiselle ne soupçonna rien.


XXXV.


Germinie accueillit le retour de mademoiselle avec des caresses attendries, mouillées de larmes. Sa tendresse ressemblait à celle d’un enfant malade ; elle en avait la lente douceur, l’air de prière, la tristesse de souffrance peureuse et effarouchée. De ses mains pâles aux veines bleues, elle cherchait à toucher sa maîtresse. Elle s’approchait d’elle avec une sorte d’humilité tremblante et fervente. Le plus souvent, assise en face d’elle sur un tabouret et la regardant d’en bas, avec les yeux d’un chien, elle