Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/189

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oui, de l’argent !… Tes derniers vingt francs… sais-tu comment je les ai eus ?… En les prenant dans la cassette de mademoiselle !… Je les ai remis… Mais c’est fini… Je ne veux plus de cela… C’est bon une fois… Où veux-tu que j’en trouve à présent, dis-moi un peu ?… On ne peut pas mettre de sa peau au Mont-de-Piété… sans ça !… Mais pour faire encore un coup comme ça, jamais de la vie !… Tout ce que tu voudras, mais pas ça, pas voler ! Je ne veux plus… Oh ! je sais bien, va, ce qui m’arrivera avec toi… Mais tant pis !

— Ah ! ça, as-tu fini de te monter ? dit Jupillon. Si tu m’avais dit ça pour les vingt francs… est-ce que tu t’imagines que j’en aurais voulu ? Je ne te croyais pas pannée tant que ça, moi… Je te voyais toujours aller… Je me figurais que ça ne te gênait pas de me prêter une pièce de vingt francs que je t’aurais rendue dans une semaine ou deux avec les autres… Mais, tu ne dis rien ?… Eh bien ! voilà tout, je ne t’en demanderai plus… C’est pas une raison pour que nous nous fâchions, ça, il me semble…

Et jetant sur Germinie un regard indéfinissable :

— N’est-ce pas, à jeudi ?

— À jeudi ! dit désespérément Germinie. Elle avait envie de se jeter dans les bras de Jupillon, de lui demander pardon de sa misère, de lui dire : Tu vois bien, je ne peux pas !…

Elle répéta : — À jeudi ! et partit.

Quand, le jeudi, elle frappa à la porte du rez-de-