Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/269

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— La, fit-elle, quand elle eut fini, et elle posa ses deux bras étendus, hors du lit, sur le drap. Elle reprit : — Faut-il que je vous dérange comme ça, ma pauvre demoiselle… Ça doit être d’une saleté finie chez nous ?

— Ne t’occupe donc pas de ça.

Il y eut un instant de silence. Un sourire décoloré vint aux lèvres de Germinie : — J’ai fait de la contrebande, dit-elle à Mlle de Varandeuil en baissant la voix, je me suis confessée pour être bien…

Puis, avançant la tête sur l’oreiller de façon à être plus près de l’oreille de Mlle de Varandeuil :

— Il y a des histoires ici… J’ai une drôle de voisine, allez, là… Elle indiqua d’un coup d’œil et d’un mouvement d’épaule la malade à laquelle elle tournait le dos. — Elle a un homme qui vient la voir ici… Il lui a parlé hier pendant une heure… J’ai entendu qu’ils avaient un enfant… Elle a quitté son mari… Il était comme un fou, cet homme-là, en lui parlant…

Et disant cela, Germinie s’animait comme toute pleine encore et toute tourmentée de cette scène de la veille, toute fiévreuse et toute jalouse, si près de la mort, d’avoir entendu de l’amour à côté d’elle !

Puis tout à coup, elle changea de figure. Il venait une femme vers son lit. La femme parut embarrassée en voyant Mlle de Varandeuil. Au bout de quelques minutes, elle embrassa Germinie, et comme une autre femme venait, elle se hâta de