Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/271

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tes ! Ces baisers, c’étaient les baisers de tous ses créanciers venant, dans une embrassade, flairer leurs créances et faire chanter son agonie !


LXVI.


Le samedi matin, mademoiselle venait de se lever. Elle était en train de faire un petit panier de quatre pots de confitures de Bar qu’elle comptait porter le lendemain à Germinie, quand elle entendit des voix basses, un colloque dans la pièce d’entrée entre la femme de ménage et le portier. Puis presque aussitôt la porte s’ouvrit, le portier entra.

— Une triste nouvelle, mademoiselle, dit-il.

Et il lui tendit une lettre qu’il avait à la main ; elle portait le timbre de l’hôpital de La Riboisière : Germinie était morte le matin, à sept heures.

Mademoiselle prit le papier ; elle n’y vit que des lettres qui lui disaient : Morte ! morte ! Et la lettre avait beau lui répéter : Morte ! morte ! elle n’y pouvait croire. Comme ceux dont on apprend subitement la fin, Germinie lui apparaissait toute vivante, et sa personne qui n’était plus se représentait à elle avec la présence suprême de l’ombre de quelqu’un. Morte ! Elle ne la verrait plus ! Il n’y avait donc plus de Germinie au monde ! Morte ! Elle était morte ! Et ce qui allait remuer maintenant dans la