Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans tout ce jeu, la crémière n’avait voulu qu’une chose : s’attacher et conserver une domestique qui ne lui coûtait rien.


XIV.


Comme Germinie descendait un jour l’escalier de service, elle entendit une voix l’appeler par-dessus la rampe, et Adèle lui crier de lui remonter deux sous de beurre et dix sous d’absinthe.

— Ah ! tu t’assiéras bien une minute, par exemple, lui dit Adèle quand elle lui rapporta l’absinthe et le beurre. On ne te voit plus, tu n’entres plus… Voyons ! tu as bien le temps d’être avec ta vieille… C’est moi qui ne pourrais pas vivre avec une figure d’antechrist comme ça ! Reste donc… C’est la maison sans ouvrage ici aujourd’hui… Il n’y a pas le sou… Madame est couchée… Toutes les fois qu’il n’y a pas d’argent, elle se couche, madame ; elle reste au lit toute la journée à lire des romans. Veux-tu de ça ? Et elle lui offrit son verre d’absinthe. — Non ? c’est vrai, toi, tu ne bois pas… C’est drôle de ne pas boire… T’as bien tort… Dis donc, tu serais bien gentille de me faire un mot pour mon chéri… Labourieux… tu sais bien, je t’en ai parlé… Tiens, v’la la plume à madame… et de son papier, qui sent bon… Y es-tu ?… En v’la un vrai, ma chère, c’t’ homme-là’ ! Il est dans la