Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/347

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que j’abomine plus que Ponsard, c’est le gas Feuillet ! J’ai lu trois fois son Jeune Homme pauvre… qui a une place de 10 000 francs… Et savez-vous à quoi on reconnaît que son jeune homme est distingué : c’est qu’il sait monter à cheval… Oui, et puis, tu sais, il y a dans tous ses livres, des jeunes gens qui ont des albums et qui prennent des sites…

— Savez-vous, vous autres, avec quoi un jeune homme était riche, il y a vingt ans, soupire un dîneur, lisez Paul de Kock, vous y trouverez : Charles était riche, il avait 6 000 livres de rente, mangeait tous les soirs un perdreau truffé, entretenait un rat de l’Opéra, — et c’était vrai !

Là-dessus, une imitation par Claudin de Gil-Perez dans Mimi Bamboche. Et toute la table de lui crier que c’est de la récréation de bagne, du Poulman en goguette… enfin toute une série d’aperçus supérieurs sur ce que cela doit produire sur les cervelles de gandins, sur ces têtes qui ont une raie qui va jusque dans le crâne.

Puis on passe du Champagne, âgé de vingt-deux ans ; et il est question des morts de la Révolution, d’une sorte d’exhumation du cimetière de la Madeleine, et de l’échafaud de la du Barry, d’où sort — pourquoi ! comment ! — une discussion sur l’art antique entre Saint-Victor, et Gautier qui a déclaré Phidias : un décadent.

 

— Vous ignorez, dit Saint-Victor, au sortir de table, en remuant son café, que c’est aujourd’hui la Saint--