Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/112

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vers les gens d’âge, je n’ai jamais apprécié les tout jeunes gens ; ils sont d’un creux, d’un vide… Puis les jeunes gens, ça remue, il faut toujours que ça soit en l’air, que ça danse, que ça soit à cheval. Et comme j’ai toujours été un peu grasse, j’aimais mieux rester dans un bon fauteuil, ou sur un canapé, les jambes allongées, avec des gens qui restaient assis et qui causaient. »

— L’Exposition universelle, le dernier coup au passé : l’américanisation de la France, l’industrie primant l’art, la batteuse à vapeur rognant la place du tableau, les pots de chambre à couvert et les statues à l’air : en un mot la Fédération de la Matière.

— Je crois que nous finirons par mourir avec l’idée que personne n’a lu un livre ni vu un tableau.

3 février. — On raconte que dans les entrevues d’Ollivier avec l’Empereur, ce dernier le pria de lui dire bien franchement ce qu’on disait de lui : de parler enfin comme s’il ne parlait pas à l’Empereur, et Ollivier ayant fini par lui déclarer qu’on trouvait que ses facultés baissaient : « Cela est conforme à tous mes rapports ! » fit l’Empereur impassible.

Le mot lui ressemble, et par son impersonnalité, il atteint à une certaine grandeur.